dimanche 3 octobre 2010

Du tabou en général et de la pédophilie en particulier.

 On entend quelques fois, par-ci par-là, que quelqu'un, quelque chose, un spectacle par exemple, s'en prend aux tabous de notre société. Lesquels? Le sexe? Cela n'en est plus un depuis longtemps. La religion? Cela ne l'est plus non plus, par ici. Quoi alors? La question mérite d'être posée. Et réfléchissant voici quels sont les nouveaux tabous, que ses gens, ses spectacles, n'osent jamais aborder de peur d'être catalogués comme fascistes, ringards, "réacs", et les prétendus tabous aux quels ils s'en prennent sont déjà défoncés depuis longtemps.
Voici les tabous réels : dire par exemple qu'il existe des races - ce qui n'est pas, en soi, du racisme -, dire que l'homosexualité n'est pas normée, dire par exemple, que les juifs n'ont pas le monopole de la souffrance, parler de l'islam autrement que de manière convenue, prétendre que la Pape, par exemple, ne dit pas forcément des conneries en parlant du préservatif - qui ne dit pas ne pas devoir être mis, au passage, et le tabou d'entre les tabous ce qui touche à la pédophilie. A ce sujet, voici l'article que j'avais posté sur FB en son temps.
"Notre belle et généreuse société, poursuivant sont idéal de liberté sur tous les fronts, a envoyé ad patres tous les tabous. Tous sauf un : la pédophilie; qu'il faudrait plus justement appeler pédomanie, car après tous "aimer" les enfants c'est peut-être de la vertu, et certainement pas un vice.

Dernier tabou, il agit sur nos sociétés libérées comme le tabou primitif sur les tribus indiennes : il est le gardien et le fascinum de notre temps. L'enfant, de roi qu'il était, est devenu dieu, et pas seulement au sens habituel que l'on donne à ce terme, mais bien plus au sens du dieu sauvage et furieux à qui l'on sacrifiait victimes et boucs émissaires. Chose curieuse, le roi des mythes anciens devenait souvent la future victime, et aussi le futur dieu sanguinaire, selon un processus largement mis en évidence par René Girard.

Nous avons liquidé le libertinage, tout le monde peut s'envoyer en l'air avec tout le monde, pour autant que le sacro-saint "consentement" soit exprès. Nous avons liquidé l'homosexualité, les sexes peuvent désormais se mêler suivant leur bon vouloir et non plus suivant les nécessités biologiques. Nous avons liquidé tous les fétichismes, n'importe qui peut s'amuser avec n'importe quoi et bien mieux le faire savoir et le faire voir. Mais reste, planant comme la divinité tutélaire, capricieuse et imprévisible, l'enfant.

La pédomanie ou pédophilie, comme on voudra, reste un crime certes, il n'est pas question ici de louer une pratique blâmable et répugnante; mais il reste que le rapport de nos contemporains à cette triste pulsion est des plus problèmatique.
La pédophile semble se présenter comme le dernier vice-rempart, la dernière chose qui nous protègerait de l'apocalypse morale. Et de marches blanches, en marches silencieuses, et d'accusations en procès, le tabou se construit, prend sa stature sacrée et règne sur nous, exigeant ses victimes.



Frédéric Mitterand est de celle-là. Voilà un homme qui écrit un livre - roman? ou récit autobiographique? peu importe- le livre paraît il y a quatre ans, et on chante à qui mieux mieux les louanges de l'auteur, sans aucune fausses notes. Avait-il été vraiment lu? Puisque nous voici aujourd'hui devant l'affreuse accusation de pédophilie, agravée de tourisme sexuel - je ne sais pas trop ce que recouvre cette notion assez vague et passe partout. Si le livre avait été lu, pourquoi cette déferlante aujourd'hui? Pour des raisons politiques, c'est évident. S'il n'avait pas été lu, pourquoi à l'époque tant de louanges? Pour des raisons médiatiques. Et les deux types de raisons se retrouvent au final aujourd'hui, pour faire de l'infâme une victime politique et médiatique, une victime émissaire de tout ce que notre société n'arrive pas à évacuer, et notamment l'intérêt morbide porté à l'enfance. Je soutiens, en effet, que la passion qui nous dévore pour l'enfance - la nôtre, celle que nous avons eu, mais aussi l'enfance de l'enfant, qui est comme mise sur un piédestal - est des plus morbide et nous entraîne collectivement, et parfois, pour certains malheureux, individuellement vers des dérives, doublées de fanatisme, et d'adulation. Je veux dire que plus on "adore" l'enfant-dieu, plus le simple fait de le toucher, même en toute innocence, est suspect : une caresse, un regard, une baiser, deviennent la cause du scandale, et que dire alors quand caresse, regard, baiser sont les bagatelles de la porte, passez-moi l'expression. 
Il y a quarante ans on aurait accusé Frédéric Mitterrand  d'homosexualité, mais l'accusation aujourd'hui ne tient plus, l'homophobie n'étant pas du tout médiatique, alors on prend ce qui reste, le dernier tabou, et on lance "Pédophilie". Voilà, c'est net et prècis, ça fait du dégat, la ménagère remue dans son fauteuil, son mari déclare qui'il faudrait leur couper les couilles, on s'offusque, on se scandalise et au final on lynche.

Cela c'est aujourd'hui. Mais demain? Demain, quand la liberté, cette géante enfantée par nous, nous aura débarassée de tous les dieux, de tous les tabous, de tous les remparts, qu'en sera-t-il de l'enfant, et de la pédophilie? De quoi accusera-t-on ceux que l'on veut abattre? Le dernier tabou est un géant aux pieds d'argile, c'est le dernier, et après lui? "


L'affaire de la pédophile dans l'Eglise Catholique est du même ressort, mais nous sommes passés un cran au-dessus. On y reviendra.



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