mercredi 8 février 2012

Justice rendue à la civilisation informée par l'islam

Il est juste qu'ici soient, une fois du moins, manifestés ma profonde admiration et mon grand amour pour ce que la civilisation informée par l'islam a produit de meilleur. C'est avec une émotion non feinte que nous nous souvenons des cours d'histoire de l'islam et sur l'art islamique de Monsieur le Professeur Rijkmans que nous avons suivi trois années durant à l'UCL. Nous nous souvenons en particulier des heures passées à visionner, presque en solitaire, les multiples tapis et miniatures orientales.

La civilisation islamique, quelle soit arabe ou perse, produisit de nombreux fruits venus enrichir artistiquement, philosophiquement ou spirituellement l'humanité et il ne saurait être question de mépriser cela, ni de le sous-estimer. Ainsi l'art oriental de la miniature vaut largement le nôtre, et l'art du tapis n'a aucun équivalent, excepté - mais nous sommes dans autre chose - celui de la tapisserie. Que dire aussi de la calligraphie qui, pour cause, prit une ampleur dans les civilisations informés par l'islam? Interdits d'image - interdit d'ailleurs relatif- les artistes musulmans, dans certaines aires géographiques, développèrent la calligraphie, et un art de l'abstraction, toutes deux véhiculant une riche spiritualité.

Il faudrait aussi mentionner l'apport considérable à la philosophie. Évidemment, on pense à Averroés - même si chez lui tout n'est pas forcément pacifique - mais il faut citer aussi Avicenne. Dans l'ordre de la mystique, il faut mentionner Al-Ghazali, philosophie lui aussi, Rûmi, Ibn Arabi et d'autres encore, même si, pour la plus part, ils sont considérés comme hétérodoxes. Il faut encore faire mention ici d'une certaine pratique de l'analogie et de l'interprétation (ijtihad)  - interprétation qui était perçue comme un "effort" ad intra, et qui s'opposait au djihad, effort ad extra - qui permirent aux différentes écoles juridiques, à certaines périodes, d'être tolérantes. La porte de l'ijtihad fut fermée au Xe siècle. La réouverture pleine de ces portes permettrait, peut-être, à l'islam d'être compatible avec une réelle démocratie.



On ne peut passer sous silence, l'apport considérable fait au patrimoine de l'humanité au niveau de l'architecture. L'art de bâtir en Islam fut original, inventif et faste, et ce, d'Afrique du Nord jusqu'à la Mongolie.

Il faut mentionner l'apport fait aux lettres. Le Coran évidemment qui fixe, pour une part, l'arabe classique, donnant ainsi à l'humanité un nouveau véhicule linguistique. On ne peut oublier, les Contes des mille et une nuits, et les divers écrits des mystiques déjà cités. L'arabe est ainsi venu enrichir d'autres langues parmi lesquelles, le portugais, l'espagnol et, dans une mesure moindre, le français.

Enfin, terminons, par les techniques et  un certain art de vivre où une large place fut donnée aux plaisirs : cuisine, parfums, jardins, et érotisme.  Art de vivre qui nous pénétra et donc, pour une part, nous sommes encore tributaires.

Toute cette masse fut comme les fleurs et les fruits d'une mélange entre les cultures pré-islamiques et l'islam comme révélation monothéiste.

J'espère avoir ainsi montré, si c'était nécessaire, que je ne suis pas - il ne faut pas se méprendre- un musulmanophobe primaire. Je défendrai toujours un humanisme certain, charpenté, le plus docte possible, universel, fait de reconnaissance, mais aussi critique, indépendant, un humanisme qui postule d'emblée la dignité égale de tout homme quelque soit sa race, sa religion, sa langue, sa culture, son sexe, et son orientation sexuelle, son handicap, sa maladie, la période de sa vie, de sa conception à sa mort,  mais un humanisme profondément ancré dans mon patrimoine, c'est à dire dans la culture européenne, faite de philosophie grecque, de judaïsme (et dans mon cas plutôt deux fois qu'une) de christianisme et de critique de celui-ci, mais sans exclusive puisque tout ce qui est beau, bon, et vrai donc, participe à la construction du tout. Un humanisme qui est, pour reprendre le cher Torga, le particulier moins les murs.

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