vendredi 16 juin 2017

Abécédaire hérétique. Lettre K. Kénose

La kénose - littéralement "désemplisse
ment de soi"-st le terme théologique qui désigne l'abaissement du Verbe. Saint Paul déclare dans une épitre en parlant du Christ : "il s'est abaissé jusqu'à la mort et la mort de la croix".
La kénose donc se conclut pas la mort en croix et saint Paul y voit un aboutissement du "parcours" de celui qui était "dans la forme de Dieu". Le Verbe donc connait ce mouvement qui de sa divinité va à la croix en passant par l'Incarnation et ce mouvement est signifié en termes d'abaissement.
Une fois cela dit, ce mouvement a donné lieu à des multiples interprétations certaines parfaitement hérétique.
En effet en disant qu'il y a mouvement qui de l'immanence divine va jusqu'à la manifestation la plus radicale de la fragilité humaine, autrement dit la mort, on n'a pas encore tout dit. Comme toujours, il faut tenir tout ensemble et l'hérésie consiste donc à rompre l'équilibre. Ce qui faut tenir c'est : la divinité du Verbe, sa commune nature avec les deux autres personnes de la Trinité, son absolue impassibilité, son incarnation réelle, sa véritable et complète nature humaine assumée, sa vraie et authentique passion, donc son absolue passibilité, bref, il faut tenir le dogme en entier.
La kénose est l'occasion rêvée de considérations gnostiques complexe ou d'interprétations de tendance platonicienne qui voient dans l'abaissement du Verbe, tantôt une compromission avec la matière mauvaise, tantôt une pantomime sans vraies conséquences.
Qui s'abaisse ? Le Verbe ? Comment s'abaisse-t-il ? En assumant la nature humaine totalement ? Pourquoi s'abaisse-t-il ? Pour permettre le salut. La Kénose est donc rédemptrice et, comme le dit la théologie, "économique". Cette économie est capitale et c'est précisément ce qu'ignorent bien souvent toutes les hérésies à ce propos.
Si la kénose, selon l'économie, est rédemptrice, il faut postuler une kénose "créatrice". En effet, si la rédemption est une action divine "ad extra", autrement dit "extérieur" à Dieu, la création est, elle aussi, une action "ad extra". Or, pour Dieu, on ne peut envisager une quelconque action de ce type, sans postuler une "kénose". Aussi la création est la première kénose du Verbe, le premier abaissement. Si on inverse les termes, on peut considérer l'abaissement rédempteur à la lumière de la kénose créatrice. L'abaissement dés lors sera autre chose qu'une catégorie péjorative, mais deviendra, pour le Verbe, la forme d'une nouvelle création. La kénose rédemptrice, qui se conclut dans la mort du Christ, devient l'achèvement et le dépassement de la kénose créatrice. La résurrection est le gond autour duquel les deux kénoses s'articulent, selon l'économie : "afin qu'au Nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers".

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