mercredi 7 juin 2017

Suivent ici des notes prises il y a quelques mois. 

Sur l'islam (1)

Jésus n'est qu'un prophète dans l'islam, car il est impossible d'innover dans l'islam. Aussi, cette religion se présente comme absolument non-innovante et prétend remonter directement à la foi abrahamique, l'étalon de toute foi - il n'y en a qu'une du reste - monothéiste. La foi d'Abraham, ce que l'islam prétend en connaître, est un point fixe et définitif. Il n'est sujet à aucun développement futur et exclut toute forme de pédagogie divine. Dans l'islam, la révélation est toujours immédiate et directe, elle passe, inchangée, de prophète en prophète, jusqu'à Mahomet. Les prophètes donc répètent donc toujours la même chose, sauf Mahomet qui rétablit, après sa corruption par le judaïsme et par le christianisme, la plénitude de la révélation. 
Outre le fait que cette idée d'une révélation corrompue est un type dans l'univers religieux, elle est, dans l'islam, une pétition de principe. En effet, l'idée première est la corruption de  la révélation, or Mahomet et ses disciples ne prouvent jamais qu'elle fut corrompue. L'affirmation n'a comme autorité que celle qui prétend que Mahomet reçoit ses révélations de Dieu. On tourne donc en rond. Il faudrait commencer par montrer qu'effectivement il y a corruption de la révélation. 
Or, nous n'avons, aussi bien nous que Mahomet, à notre disposition que le donné biblique. Rien en dehors de lui sur la révélation à Abraham. Ce que montre le donné biblique, c'est l'existence d'une progression dans la révélation, d'un développement et conséquemment d'une pédagogie divine. Affirmer donc que la révélation judéo-chrétienne est une révélation corrompue est arbitraire. Affirmer, par la suite, que la "foi" musulmane est la foi d'Abraham est arbitraire. Affirmer que l'islam n'est ni plus ni moins que la religion d'Abraham restaurée est arbitraire et ne repose que sur cet argument : le coran est d'origine divine et son récipiendaire est réellement un prophète. Il reste à prouver et l'un et l'autre.
Pour l'islam, donc, Jésus est uniquement un prophète. En tant que tel, il répète la révélation d'Abraham et corrige la corruption de la révélation mosaïque que les juifs, d'après l'islam, suivent. Or la réalité est plus tout autre. Le judaïsme est et mosaïque et abrahamique. Jésus, selon le christianisme, ne vient pas corriger une révélation corrompue, il s'y inscrit pleinement et la porte à son achèvement. 
Jésus prophète est cependant une figure ambigüe dans le coran. Il y connaît une conception et une naissance virginales (dogme chrétien, parfaitement compréhensible si on affirme que Jésus est Dieu) fait exceptionnel que pas même Mahomet n'a connu. Cette conception et naissance virginale sont étranges dans le cas d'un prophète - Jésus - qui n'est pas Dieu. Qu'en est-il du Père de Jésus dans le coran ? Et au final de sa nature profonde ? Un homme ? Un esprit ? Un ange ? On ne sait mais en tout cas pas Dieu. C'est ce Jésus prophète et messie - l'islam lui reconnaît ce titre en ignorant toutes les implications théologiques qu'il entraine - qui reviendra à la fin des temps ( dogme chrétien de la parousie). Le Jésus du coran est un Jésus formellement chrétien mais qui parle comme un musulman. La critique historique ne peut y voir qu'une influence du christianisme et d'un christianisme hétérodoxe avec la création d'un personnage qui ensuite justifie rétrospectivement Mahomet et sa prédication nouvelle. 
L'immigration musulmane de masse pose, outre les questions politiques, des questions religieuses, métaphysique et philosophique en faisant pénétrer dans un univers jusqu'ici régit par des principes philosophique chrétiens ou assimilés, des principes qui lui sont parfaitement étrangers. Ainsi, René Girard,  par exemple, a suffisamment montré comment et pourquoi l'individu libre, la "personne" comme dit la théologie chrétienne, naît uniquement en régime chrétien précisément, cela parce que seul le christianisme révèle et dénonce le système violent du mimétisme sacrificiel.  
Même si le christianisme orthodoxe est loin désormais de constituer un horizon pour nos sociétés occidentales, il n'en reste pas moins vrai qu'elles ont été pendant des siècles imprégnées de la dynamique chrétienne et s'en trouve - même dans ses errements - encore largement pénétrées. Évidemment, il n'en est pas du tout la même chose dans les groupes humains informés par l'islam, autrement dit dans les sociétés construites dans le cadre islamique. Commençons donc par dire que l'islam ne remet pas en cause le système mimétique. En cette matière, la révélation musulmane est une révélation incomplète. Bien plus, puisque son incomplétude s'affirme, au contraire, pleine et entière, la révélation musulmane n'est pas une révélation au sens plein du terme. Ce qui est dévoilé - c'est le sens de révélation - dans l'islam, c'est son incapacité à aller au-delà du système mimétique. Or, avec lui, il n'y a pas deux possibilités : qui ne le dévoile pas, le maintient. Nous en venons ainsi à poser la question de la violence dans l'islam. 

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