Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan, estampillé islamiste (sic) modéré - peut-être vaudrait-il mieux dire, musulman modéré ( notons au passage que nous sommes toujours obligé, désormais, d'ajouter "modéré" à "musulman" ou "islamiste", tant la chose n'est point évidente -, s'en est allé passer quelques jours à Dusseldorf, en Allemagne, pays qui compte, paraît-il, je n'ai pas compté, trois millions de personnes issues de l'immigration turque. Cela ne pose aucun problèmes en soi, je suis bien issu d'un pays qui compte le même nombre de personnes dispersées de par le monde, mais les dimensions du Portugal ne sont pas celle de la Turquie. Le premier ministre de la Sublime Porte donc, en Allemagne, a tenu des propos assez incroyables sans que cela soit vraiment relayé par la presse, jugeant sans doute qu'il ne fallait pas mettre de l'huile sur le feu, et compromettre les fiançailles entre l'Ottomanerie et l'Europe. En substance, Monsieur Recep Tayyip Erdoğan invite ses compatriotes à ne rien renier de leur culture d'origine, ni de sa langue véhiculaire - très bien, je n'y vois aucune objection - à apprendre cette langue avant même l'allemand - ça se corse - à occuper toutes les couches de la sociétés allemande - en soi pas de problème, non plus - mais en turc ou en allemand? A considérer que l'islamophobie est analogue à antisémitisme - ce qui n'est pas vrai, islamophobie est la haine de l'islam comme doctrine religieuse, et non pas des musulmans comme personne, l'antisémitisme vise directement la personne - que l'islamophobie est un crime contre l'humanité. Les turcs d'Allemagne, même ceux qui sont Allemands de par une naissance dans ce pays qui avait accueilli leurs parents ou grands-parents, sont appelés à rester toujours turcs, turcs musulmans, puisque selon le Premier Ministre turc, les deux choses vont de paire.
Pour ma part, je pense ceci. Une personne qui se risque à l'immigration, à une immigration économique, avec l'enracinement que cela demande, souvent avec un bagage culturel faible, une "plastique" psychologique manquant de souplesse, exige, tôt ou tard, l'abandon spontané, naturel, vital même de la culture d'origine. Il est normal que la première génération tienne encore fortement aux racines, que la seconde partage une double appartenance culturelle, mais au fil du temps, il me semble indispensable que la culture d'origine s'estompe pour faire place à une autre mémoire. Sans cela on s'expose à un conflit identitaire intra-subjectif et inter-subjectif. Quand les sujets sont organisés en groupe de forte cohérence, comme c'est le cas en islam, si conflit subjectif il y a, le groupe, par mimétisme, risque fort bien de l'accroitre et de le porte sur la scène social, débouchant ainsi sur des tensions avec les populations de souches. Les mariages endogamiques, fortement conseillés dans ce type de groupes, l'attachement indéfectible à la culture d'origine et à sa langue, et dans notre cas, à sa religion dominante - je rappelle au passage, que l'islam, n'a pas toujours été la religion majeure de ce qui est devenu aujourd'hui la Turquie, Istanbul ne l'oublions pas c'est Constantinople - ne fait que conserver le sujet dans une illusion, un faussement de la réalité, une construction conflictuelle et pour tout dire socio-pathologique.
Dans cette problématique de l'immigration, le sujet doit, au prix d'une souffrance, faire le deuil de ses origines, non pas parce qu'elles seraient mauvaises, non pas par déni, mais tout simplement pour pouvoir vivre, bien vivre, avec lui et avec les autres. Ce processus demande du temps, une certaine souplesse psychologique, un vrai courage, toutes choses auxquelles les propos de Monsieur Erdoğan n'invitent pas.
J'ajoute que faire le deuil de ses origines, ne signifie pas tout envoyer promener, comme si origines il n'y avaient pas. Mais il s'agit d'assumer la réalité telle qu'elle est. Un fils de turc en Allemagne, ou un fils de Portugais ailleurs, n'est plus vraiment Turc, ni vraiment Portugais, et les fils de ceux-là, sont parfaitement Allemands ou Portugais, quitte pour eux de revisiter les origines de leurs familles et d'en faire mémoire sainement.
samedi 5 mars 2011
lundi 21 février 2011
Démocratie sous le croissant.
On entend dire partout et par tous : la démocratie est en marche dans les pays arabes. Certes, au sens strict, ce qui se passe en Tunisie, Egypte, Lybie et ailleurs, est bien de la démocratie. Il s'agit du peuple qui exerce son pouvoir : celui de destituer le tyran. Et il faut se réjouir de ce que les tyrans ne soient plus, il faut se réjouir de ce que des peuples opprimés aient pu trouver l'énergie nécessaire pour secouer le joug des puissants cupides et narcissiques, oui il faut s'en réjouir ! La Tunisie a dans ce soulèvement général la place de modèle puisque c'est à partir d'elle que la contagion "démocratique" s'est répandue. La Tunisie a montré aux autres l'objet à désirer ici et maintenant : la fin de règnes personnels et sans doute, quoique confusément, quelque chose de la liberté. On a souligner le rôle joué par facebook dans toute cette affaire. Souligner ce rôle, c'est en fin de compte encore, d'une certaine façon, marquer la place de l'occident; car si la Tunisie est le modèle du soulèvement, le modèle de la liberté et celui de l'énergie indispensable pour renverser des dictatures, c'est l'occident. L'occident qui, quoiqu'on en dise, demeure le modèle unique du monde globalisé.
Que va devenir ce mouvement populaire ? Que peuvent devenir les balbutiements de la démocratie en pays d'islam où un islamiste ou l'autre attend toujours le moment pour sortir du fourré? Ce serait quoi une démocratie en terre musulmane ou, bien qu'improbable, une démocratie islamique? Il faut le reconnaitre, la chose ne s'est jamais encore réalisée tant le système démocratique répugne à une théocratie, c'est vrai pour l'islam comme cela l'a été pour le catholicisme au XIXe siècle.
Ce qui se joue à cette heure dans cette partie du monde, ce désir de démocratie, désir confus, devra se mesurer tôt ou tard avec l'islam. Soit l'islam, à un certain moment, fait l'expérience de la mort de Dieu, expérience fondatrice de modernité, autrement dit, il fait l'expérience de la critique et se l'applique. Soit il s'amenuise connaissant dans ses rangs apostasies, et défections, autrement dit, il se confronte lui-aussi à agnosticisme et à l'athéisme. Soit il se durcit, campant sur ses positions fondamentales. L'un ou l'autre chose, l'une et l'autre chose sont possibles.
Les soulèvements "démocratiques" ont lieu dans des pays musulmans, cela n'est pas anodin, cela a forcément des conséquences religieuses, puisque, en islam, la politique n'est jamais très loin de la religion.
Que va devenir ce mouvement populaire ? Que peuvent devenir les balbutiements de la démocratie en pays d'islam où un islamiste ou l'autre attend toujours le moment pour sortir du fourré? Ce serait quoi une démocratie en terre musulmane ou, bien qu'improbable, une démocratie islamique? Il faut le reconnaitre, la chose ne s'est jamais encore réalisée tant le système démocratique répugne à une théocratie, c'est vrai pour l'islam comme cela l'a été pour le catholicisme au XIXe siècle.
Ce qui se joue à cette heure dans cette partie du monde, ce désir de démocratie, désir confus, devra se mesurer tôt ou tard avec l'islam. Soit l'islam, à un certain moment, fait l'expérience de la mort de Dieu, expérience fondatrice de modernité, autrement dit, il fait l'expérience de la critique et se l'applique. Soit il s'amenuise connaissant dans ses rangs apostasies, et défections, autrement dit, il se confronte lui-aussi à agnosticisme et à l'athéisme. Soit il se durcit, campant sur ses positions fondamentales. L'un ou l'autre chose, l'une et l'autre chose sont possibles.
Les soulèvements "démocratiques" ont lieu dans des pays musulmans, cela n'est pas anodin, cela a forcément des conséquences religieuses, puisque, en islam, la politique n'est jamais très loin de la religion.
jeudi 3 février 2011
Fragile aisance
Certes y'a pas à dire, l'informatique et le web nous ont facilité la vie, ça c'est sûr. C'est même plus que sûr, c'est devenu une seconde nature, et parfois je me demande si ce n'est pas devenu la nature tout court. Après le Sapien Sapien, voici arrivé le Sapien Informaticus. On s'est tellement identifié avec cet outil, que l'on ne songe même plus à ce qu'il est en vérité : une fragilisation extrême de ce que nous sommes, de notre mémoire, des informations, de la culture, bref une relativisation de notre humanité.
Nous avons remplacé en moins de vingt ans notre identité par celle de la technique, nous ne sommes plus des animaux rationnels nous sommes devenus des animaux techniques et de technique informatique, dont l'intention ultime est le virtuel : culture virtuelle, commerce virtuel, amours virtuels, relations virtuelles, l'homme en définitive n'est plus le concret dans l'acte, mais uniquement dans la puissance, au sens aristotélicien du terme, dans le possible. Si la puissance d'Aristote avait comme fin, se réalisait, s'accomplissait dans l'acte, notre puissance à nous, n'a aucune nécessité de s'épanouir dans l'acte, il lui suffit d'être puissance, de rester puissance et de ne jamais s'actialiser, c'est ce qu'est la virtualité : une puissance de puissance.
On expérimente la fragilité d'un tel système. Confiez votre vie à votre ordinateur, du jour au lendemain, tout peut disparaître : vos archives, vos moments de bonheur, vos affaires, votre intimité, une bibliothèque, une photothèque, une discothèque, tout s'envole en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Ainsi à chaque moment partout sur le globe, ce ne sont pas une bibliothèque d'Alexandrie qui flambe mais des milliers de traces de vie humaines qui disparaissent dans le virtuelle binaire comme elles y étaient venues. On me dit mais il faut protéger. Oui oui protégeons ! Faisons des copies sur CD, mais le cd a une vie compté, et qui plus est, il n'est pas rare de que CD ne marche plus, pourquoi? comment? Je ne sais pas. Oui mais il fallait protéger sur disque dur. Ah bon, sur disque dur? Allons. Bon mais le disque dur peut lui aussi défaillir. Il fallait donc enregistrer sur CD et sur disque dur. Multiplier les copies. D'accord, mais cela doit être fait en combien d'exemplaires pour être sur que quelque chose, tout de même perdure? Alors voilà, nous sommes condamnés à copier et recopier sur tous les supports possibles : cd, disques durs, clef usb, disques mous, disques ronds, carrés, copier sur les murs, sur des cahiers, sur ipod, ipad, sur smartphone, faire un listing de toutes les copies disponibles, et copier ce listing sur tous les supports possibles et imaginables, mettre cette copie dans la mémoire d'un ordinateur central et recommencer puisque l'ordinnateur central est défaillant lui-aussi. Faire une copie des informations contenues dedans sur tous les supports possible, disques ultra durs, clef usb à la mémoire démentielle, sur cd rom ultra performant, recopier encore, et encore, copier, recopier, sur disques durs, sur ordinnateur de poche, de bureaux, centraux, décentrés, sur pc, sur mac, sur le nouveau machin, la nouvelle machine, avec le dernier logiciel, avec la dernière application : copier, copier, copier...
Les dieux de la technique sont impitoyables. Maudites divinités !
Nous avons remplacé en moins de vingt ans notre identité par celle de la technique, nous ne sommes plus des animaux rationnels nous sommes devenus des animaux techniques et de technique informatique, dont l'intention ultime est le virtuel : culture virtuelle, commerce virtuel, amours virtuels, relations virtuelles, l'homme en définitive n'est plus le concret dans l'acte, mais uniquement dans la puissance, au sens aristotélicien du terme, dans le possible. Si la puissance d'Aristote avait comme fin, se réalisait, s'accomplissait dans l'acte, notre puissance à nous, n'a aucune nécessité de s'épanouir dans l'acte, il lui suffit d'être puissance, de rester puissance et de ne jamais s'actialiser, c'est ce qu'est la virtualité : une puissance de puissance.
On expérimente la fragilité d'un tel système. Confiez votre vie à votre ordinateur, du jour au lendemain, tout peut disparaître : vos archives, vos moments de bonheur, vos affaires, votre intimité, une bibliothèque, une photothèque, une discothèque, tout s'envole en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Ainsi à chaque moment partout sur le globe, ce ne sont pas une bibliothèque d'Alexandrie qui flambe mais des milliers de traces de vie humaines qui disparaissent dans le virtuelle binaire comme elles y étaient venues. On me dit mais il faut protéger. Oui oui protégeons ! Faisons des copies sur CD, mais le cd a une vie compté, et qui plus est, il n'est pas rare de que CD ne marche plus, pourquoi? comment? Je ne sais pas. Oui mais il fallait protéger sur disque dur. Ah bon, sur disque dur? Allons. Bon mais le disque dur peut lui aussi défaillir. Il fallait donc enregistrer sur CD et sur disque dur. Multiplier les copies. D'accord, mais cela doit être fait en combien d'exemplaires pour être sur que quelque chose, tout de même perdure? Alors voilà, nous sommes condamnés à copier et recopier sur tous les supports possibles : cd, disques durs, clef usb, disques mous, disques ronds, carrés, copier sur les murs, sur des cahiers, sur ipod, ipad, sur smartphone, faire un listing de toutes les copies disponibles, et copier ce listing sur tous les supports possibles et imaginables, mettre cette copie dans la mémoire d'un ordinateur central et recommencer puisque l'ordinnateur central est défaillant lui-aussi. Faire une copie des informations contenues dedans sur tous les supports possible, disques ultra durs, clef usb à la mémoire démentielle, sur cd rom ultra performant, recopier encore, et encore, copier, recopier, sur disques durs, sur ordinnateur de poche, de bureaux, centraux, décentrés, sur pc, sur mac, sur le nouveau machin, la nouvelle machine, avec le dernier logiciel, avec la dernière application : copier, copier, copier...
Les dieux de la technique sont impitoyables. Maudites divinités !
lundi 31 janvier 2011
Gay gay marions-nous !
Et voilà que revient à l'horizon la question, tellement cruciale, du mariage de personnes du même sexe.
A ce titre voici un article dont je partage entièrement les vues.
http://www.causeur.fr/mariage-homo-de-quel-droit,8511
Il va sans dire que si je fais mien ce point de vue, je me moque éperdument de savoir si un jour Robert et Roger, Simone et Jacqueline, Paul et son chat Titi, seront effectivement unis devant la République pour le meilleur ou pour le pire. Chacun vit sa vie comme il l'entend et si en plus la loi le lui autorise et bien tant mieux pour ce chacun qui trouvera devant lui déployé le tapis rouge légal de l'expression de la moindre de ses envies érigée en droit absolu. Cependant, cela ne me dispense pas, d'avoir des vues différentes, et de chercher ce qui est le plus juste, le plus ajusté, le plus adéquat, et donc, pour cette raison, de penser que le mariage gay, s'il répondre au besoin de romantisme, ne constitue pas, en soi, une réponse juste à une problématique donnée. Autrement dit, je pense que le mariage homosexuel est une aberration personnelle, relationnelle et sociale. Maintenant si certains veulent vivre cette aberration, au nom du droit au romantisme, du droit à l'amour conjugal et conjugué selon les termes du droit jusqu'ici en vigueur, c'est leur affaire. Après tout cela démontre, que gay ou pas gay, nous avons du mal à fonder des modèles de société où la différence existe en tant que différence et qu'il nous faut toujours se rapporter à un modèle pensé comme supérieur sinon de se sentir lésé. Le mariage hétérosexuel reste donc pour les gays militants le modèle à copier, une étape à conquérir avant celle de l'adoption d'enfant, à défaut de pourvoir se greffer un utérus pour les hommes ou des testicules pour les femmes. Cette revendication à tout va est folle : pourquoi précisément ne pas revendiquer pour le femmes d'avoir le droit à avoir un pénis et pour les hommes d'avoir le droit à un vagin, après tout, si l'idée me passe par la tête, et que la nature ne me satisfait pas, pourquoi n'aurais-je pas le droit de pouvoir acquérir ce que la nature ne m'as pas donné et que mon désir pourtant me commande de posséder?
Le droit à ci le droit à ça, est le refrain perpétuel de nos sociétés occidentales qui courent vers je ne sais où, mais elles y courent et vite. Le mimétisme fait des ravages et autorise à penser qu'il suffit d'avoir une envie, fut-elle absurde, pour fonder un droit, un droit qui doit être inscrit dans la loi, et qui du coup serait interprété comme moral. Pourtant la légalité ne suffit pas à justifier la moralité d'un droit.
Le mariage gay ne fera qu'une chose augmenter les statistiques du divorce de manière fulgurante. Le droit au mariage est aussi après tout un droit au divorce, peut-être que l'on désire se marier pour pouvoir mieux divorcer dans les termes de la loi. C'est donc l'accès à tous les rites de la vie bourgeoise que les gays défendant le mariage veulent acquérir.
A ce titre voici un article dont je partage entièrement les vues.
http://www.causeur.fr/mariage-homo-de-quel-droit,8511
Il va sans dire que si je fais mien ce point de vue, je me moque éperdument de savoir si un jour Robert et Roger, Simone et Jacqueline, Paul et son chat Titi, seront effectivement unis devant la République pour le meilleur ou pour le pire. Chacun vit sa vie comme il l'entend et si en plus la loi le lui autorise et bien tant mieux pour ce chacun qui trouvera devant lui déployé le tapis rouge légal de l'expression de la moindre de ses envies érigée en droit absolu. Cependant, cela ne me dispense pas, d'avoir des vues différentes, et de chercher ce qui est le plus juste, le plus ajusté, le plus adéquat, et donc, pour cette raison, de penser que le mariage gay, s'il répondre au besoin de romantisme, ne constitue pas, en soi, une réponse juste à une problématique donnée. Autrement dit, je pense que le mariage homosexuel est une aberration personnelle, relationnelle et sociale. Maintenant si certains veulent vivre cette aberration, au nom du droit au romantisme, du droit à l'amour conjugal et conjugué selon les termes du droit jusqu'ici en vigueur, c'est leur affaire. Après tout cela démontre, que gay ou pas gay, nous avons du mal à fonder des modèles de société où la différence existe en tant que différence et qu'il nous faut toujours se rapporter à un modèle pensé comme supérieur sinon de se sentir lésé. Le mariage hétérosexuel reste donc pour les gays militants le modèle à copier, une étape à conquérir avant celle de l'adoption d'enfant, à défaut de pourvoir se greffer un utérus pour les hommes ou des testicules pour les femmes. Cette revendication à tout va est folle : pourquoi précisément ne pas revendiquer pour le femmes d'avoir le droit à avoir un pénis et pour les hommes d'avoir le droit à un vagin, après tout, si l'idée me passe par la tête, et que la nature ne me satisfait pas, pourquoi n'aurais-je pas le droit de pouvoir acquérir ce que la nature ne m'as pas donné et que mon désir pourtant me commande de posséder?
Le droit à ci le droit à ça, est le refrain perpétuel de nos sociétés occidentales qui courent vers je ne sais où, mais elles y courent et vite. Le mimétisme fait des ravages et autorise à penser qu'il suffit d'avoir une envie, fut-elle absurde, pour fonder un droit, un droit qui doit être inscrit dans la loi, et qui du coup serait interprété comme moral. Pourtant la légalité ne suffit pas à justifier la moralité d'un droit.
Le mariage gay ne fera qu'une chose augmenter les statistiques du divorce de manière fulgurante. Le droit au mariage est aussi après tout un droit au divorce, peut-être que l'on désire se marier pour pouvoir mieux divorcer dans les termes de la loi. C'est donc l'accès à tous les rites de la vie bourgeoise que les gays défendant le mariage veulent acquérir.
samedi 15 janvier 2011
Michel-Ange et l' "artiste-contemporain"
Première publication octobre 2007, ailleurs.
Que l'on me permette de parler de la chapelle Sixtine par le truchement de "La Voie nue" de Michel Masson.
L'auteur se propose de donner une nouvelle interprétation de la fabuleuse décoration de la Sixtine, en faisant le constat suivant : aucun historien d'art n'a pris en compte, vraiment, le fait que le nu semble avoir dans cette oeuvre majeure une place importante, voire capitale.
Le livre est construit comme une enquête minutieuse, palpitante et vraiment sublime. Ce livre révolutionne la manière de voir la Sixtine, mais aussi toute l'oeuvre de Michel Ange. Avec cette lecture, vraiment originale, du travail de l'artiste, Masson offre, à mon sens, la clef indispensable pour entendre le message du décor de la chapelle et, plus largement, celui du peintre.
L'art dit "contemporain" - les termes juxtaposés font concept où, si l'on préfère, deviennent une catégorie en soi, autant pour l'historien d'art que dans la contemporanéité de l'oeuvre d'art - ne peut aller bien loin. Abscons, sybillin par essence et par destination, ayant révoqué avec perte et fracas la catégorie du beau pour ne retenir que celle du sens, alors même qu'il masque ce dernier sous les formes les plus diverses, les plus provocantes, les plus aptes à mettre le sens, précisément, en questionnement, l'art-contemporain ne saurait s'adresser qu'à une élite de "connaisseurs", élite rasante, imbue de sa singularité, de sa capacité à se distinguer des autres, de ceux qui ne comprennent pas, élite friande de concepts philosophiques, peu chers et immédiats, dont elle pourra, le moment venu, agrémenter ses dîners en ville, où ses rites initiatiques. Et les autres - ceux qui ne comprennent pas ce qu'il y a à comprendre - se moquent bien de cet exercice de haute voltige prétendue, et pensent à autre chose, sans même prendre la peine d'essayer de comprendre. Car avec l'art-contemporain, il s'agit de comprendre, d'avoir la clef absolue. Il est ainsi devenu un nouveau sphinx questionnant sans cesse, posant ses fastidieuses égnimes aux passants que nous sommes. Le beau, le laid, sont à mettre au placard des notions sans valeur. Mais la pertinence, la légitimité, le sens, le faire sens, sont les valeurs brandies par notre monstre interrogateur. L'art-contemporain interroge, c'est tout ce qu'il fait d'ailleurs, et souvent sans même connaître la réponse, et sans savoir si réponse il y a. La question à son sens du fait même d'être question. Si à l'époque de Michel Ange, l'oeuvre avait une raison d'être, presque indépendamment de l'artiste, aujourd'hui c'est l'inverse : l'oeuvre n'a pour ainsi dire aucune importance ce qui compte c'est l'artiste : l'artiste est devenu son oeuvre. Quand je parle d'oeuvre, je parle de la chose tangible, sensible, palpable, de l'artefact, sachant que cette notion, elle-aussi, n'a plus de place; on peut ainsi, aujourd'hui, concevoir parfaitement un oeuvre virtuelle, parfaitement virtuelle, pourvu que l'artiste y songe. La prise de la place de l'oeuvre par l'artiste n'est que le dernier avatar des confuses et pénétrées mutations de l'artiste depuis Vasari. L'artiste chassant l'art, est devenu la seule chose qui importe, lui, son cerveau, son entrejambe, son estomac et toute la pensée circonstanciée que tout cela engendre. L'artiste-contemporain est, si l'on veut une image, Narcisse en sa flaque. Un Narcisse qui, bien souvent, se fout éperdument de Michel-Ange et des autres "anciens"; cela n'a, pour notre artiste-contemporain, que peu de valeur, étant tout préoccupé de lui, de son "intérieur", de son ipséité qu'il interroge de manière obsessionnelle. L'art coïncide avec lui dans une espèce de consubstantialité, une co-naissance éperdue : l'art c'est moi, peut-il dire.
mardi 11 janvier 2011
Têtu ou le caprice de papier.
Le choc est d'autant plus grand que grande avait été la période sans avoir croisé la route d'un Têtu ou d'une Pref, magazines emblématiques de la gayattitude francophone. S'agissait-il d'un choc culturel? Rien de moins sûr tant ces publications tiennent du niveau moins un de la culture. Où alors nous "parlons" de culture dans son acception archi-moderne, c'est-à-dire de la culture comme malstrom de tout ce qui advient dans le champ, sans même opérer un tri, sans même intégrer une instance critique. La culture ainsi considérée c'est le tout venant, ça commence avec la porno star, ça se poursuit avec Lady Gaga - promue philosophe pragmatique pour l'occasion- et ça se termine avec Spinoza - parce qu'il est à la mode, une fois la mode passée... - passé à la moulinette. A moins que cela ne débute avec Sartre, se poursuive par Genet, vite récupéré, le pauvre, et se termine en apothéose sur le sperme lâché par la nouvelle coqueluche bien montée et montant de la pornosphère. L'ordre n'a pas d'importance, ce qui compte c'est le fil conducteur de tout ce déballage, et ce fil conducteur, à lire attentivement les fastidieuses pages des revues, est constitué par les trois premières lettres du mot culture. Voilà, le fondement de cette avalanche d'images, de mots, et de revendications, car si ici on promeut le sexe libre et décomplexé, si on incrimine la sempiternelle culpabilité judéo-chrétienne, ici on revendique le droit au mariage et à celui d'avoir des enfants, sans oublier celui de s'habiller comme on veut, de se coiffer de même, et celui de dire tout ce qui passe par la tête. Des revues fourre-tout, comme si la gayattitude, était elle aussi fourre-tout, comme si en définitive, l'homosexualité était, fondamentalement, un vaste manège où tout se mêle et se mélange sans ligne conductrice. Ces revues défendent sans doute un mode de vie, une volonté de vivre, qui a quelque chose de sur-humain, au sens de Nietzsche, une volonté de puissance est à l'œuvre, ce qui ne saurait être étonnant de la part d'adorateurs du phallus. Le phallus apparaît comme le fascinum, la divinité tutélaire, le grand parrain de cette entreprise journalistique. On peut être homosexuel autrement je pense, sans aucune obligation de devoir sacrifier à cette divinité-là, et en ne devant pas lire les organes de son culte. Et à tout prendre, personnellement je préfère encore une revue porno : au moins elle a le mérite d'être franche, et par sa trop grande franchise de rompre le lien subtil.
Têtu, vulgate du gay de base, et Pref, sa version plus élaborée, sont symptomatiques de la "pensée" d'un certain milieu gay, "pensée" étant utilisé ici dans le sens le plus commun, car en termes de pensée réelle, ces revues en maquent cruellement. Un symptôme qui est caractérisé par le caprice égotique, énonçable comme suit : ce que je veux ici et maintenant, il faut que je l'ai. L'objet peut-être un mari, une cérémonie, un enfant, un iphone, une bite, un cul, deux bites, trois culs... Je dois pouvoir avoir accès à tout ce que mon désir, ma pulsion, mon vouloir, m'indiquent. Si Têtu est têtu c'est à la manière de l'enfant capricieux qui tant qu'il n'aura pas obtenu ce qu'il voulait, crie, pleure et tape du pied, un fois la chose obtenue, il se choisi un autre objet et recommence son cinéma.
Têtu, vulgate du gay de base, et Pref, sa version plus élaborée, sont symptomatiques de la "pensée" d'un certain milieu gay, "pensée" étant utilisé ici dans le sens le plus commun, car en termes de pensée réelle, ces revues en maquent cruellement. Un symptôme qui est caractérisé par le caprice égotique, énonçable comme suit : ce que je veux ici et maintenant, il faut que je l'ai. L'objet peut-être un mari, une cérémonie, un enfant, un iphone, une bite, un cul, deux bites, trois culs... Je dois pouvoir avoir accès à tout ce que mon désir, ma pulsion, mon vouloir, m'indiquent. Si Têtu est têtu c'est à la manière de l'enfant capricieux qui tant qu'il n'aura pas obtenu ce qu'il voulait, crie, pleure et tape du pied, un fois la chose obtenue, il se choisi un autre objet et recommence son cinéma.
samedi 1 janvier 2011
Les coptes aujourd'hui. Qui demain?
L'année commence et elle commence mal. En tout cas pour les chrétiens d'Egypte. Après l'Irak, le Nigeria, voici que Egypte est victime d'attentats criminels et inhumains expressément dirigés vers les communautés chrétiennes de ces pays, de la part de groupes se réclamant de l'islam. Au point, où nous en sommes, il m'est tout à fait égal de savoir si ces groupes sont des sectes, des extrémistes radicaux, ou de simples extrémistes, ou des semi-modérés, voire encore des modérés à tendance extrémiste - tant il est vrai que depuis quelques mois il semblerait qu'on ne sache plus comment appeler ces meurtriers - mais il m'importe de reconnaître deux choses. Primo que les attentats sont commis au nom d'Allah, secundo qu'aucune autorité musulmane du monde libre n'a, que je sache, condamné haut et fort de tels actes assassins. Voilà ce qui ne m'est absolument pas égal !
Ce que les chrétiens d'Orient connaissent, nous ne le connaissons pas de ce côté-ci et ce, même si, ici aussi, il peut y avoir des montées d'extrémisme islamique. Les deux "mondes" sont incomparables, et je suis très loin de penser que tous les musulmans sont des tueurs en puissance. Cependant, je crains pour la liberté future. En effet, il ne faut pas être dupe de ceci : si un jour les sirènes de l'islamisme séduisent une plus grande part des musulmans dit modérés, il se pourrait bien que nous soyons, nous aussi, confrontés à des attitudes liberticides. Je ne crains pas les attaques de communautés chrétiennes de ce côté-ci, pour la simple raison, que le christianisme occidental n'a pas la même sociologie et est, parmi les défenseurs de la liberté, en minorité. Cependant, je crains que le vide spirituel ne soit occupé par une religion fidéisme, ritualiste, formaliste et au final proposant une idée de Dieu parfaitement étrangère à la pensée qui fut la nôtre, qui a formaté notre évolution intellectuelle et qui a permis la naissance des droits de l'homme, la libération de la femme, et l'épanouissement des libertés individuelles. Il s'agit de défendre ici la personne humaine dans ce qu'elle a d'inaliénable, d'irréductible, de grand, de souverain, et qu'aucun dieu, aucune religion ne saurait réduire, soumettre, sans être diaboliques au sens étymologique du terme.
Je crois au Verbe fait chair. Je crois à l'Esprit dans la matière. Je crois en une Personne qui est indéfectiblement homme et Dieu. Je crois en une collaboration, une communion entre Dieu et l'homme, et non pas en une soumission de l'homme à Dieu. Je crois en un Dieu qui libère. Au nom de cela, je suis persuadé que la défense du christianisme est la défense de l'humanisme, la défense de la liberté, la défense de tout homme et de tout l'homme.
J'aimerais qu'un dialogue fut possible entre l'islam et le christianisme, un dialogue franc, clair, critique, raisonnable et raisonné. Le christianisme, parfois contraint et forcé, à fait beaucoup de chemin dans l'autocritique de ce qu'il est, il serait souhaitable de l'islam fasse de même. Il en est grand temps.
Ce que les chrétiens d'Orient connaissent, nous ne le connaissons pas de ce côté-ci et ce, même si, ici aussi, il peut y avoir des montées d'extrémisme islamique. Les deux "mondes" sont incomparables, et je suis très loin de penser que tous les musulmans sont des tueurs en puissance. Cependant, je crains pour la liberté future. En effet, il ne faut pas être dupe de ceci : si un jour les sirènes de l'islamisme séduisent une plus grande part des musulmans dit modérés, il se pourrait bien que nous soyons, nous aussi, confrontés à des attitudes liberticides. Je ne crains pas les attaques de communautés chrétiennes de ce côté-ci, pour la simple raison, que le christianisme occidental n'a pas la même sociologie et est, parmi les défenseurs de la liberté, en minorité. Cependant, je crains que le vide spirituel ne soit occupé par une religion fidéisme, ritualiste, formaliste et au final proposant une idée de Dieu parfaitement étrangère à la pensée qui fut la nôtre, qui a formaté notre évolution intellectuelle et qui a permis la naissance des droits de l'homme, la libération de la femme, et l'épanouissement des libertés individuelles. Il s'agit de défendre ici la personne humaine dans ce qu'elle a d'inaliénable, d'irréductible, de grand, de souverain, et qu'aucun dieu, aucune religion ne saurait réduire, soumettre, sans être diaboliques au sens étymologique du terme.
Je crois au Verbe fait chair. Je crois à l'Esprit dans la matière. Je crois en une Personne qui est indéfectiblement homme et Dieu. Je crois en une collaboration, une communion entre Dieu et l'homme, et non pas en une soumission de l'homme à Dieu. Je crois en un Dieu qui libère. Au nom de cela, je suis persuadé que la défense du christianisme est la défense de l'humanisme, la défense de la liberté, la défense de tout homme et de tout l'homme.
J'aimerais qu'un dialogue fut possible entre l'islam et le christianisme, un dialogue franc, clair, critique, raisonnable et raisonné. Le christianisme, parfois contraint et forcé, à fait beaucoup de chemin dans l'autocritique de ce qu'il est, il serait souhaitable de l'islam fasse de même. Il en est grand temps.
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