vendredi 31 décembre 2010

Agnostiques, athées, sceptiques et révoltés, mes frères.

Certains estiment qu'à propos de Dieu on ne peut rien dire de sûr, qu'on ne saurait affirmer ou infirmer son existence, qu'en définitive l'objet "Dieu" est méconnaissable, et que l'attitude la plus sage est de se taire, ou de suspendre son jugement. Comme parfois, je vous comprends, mes chers agnostiques; comme parfois je suis des vôtres. Et plus particulièrement aux heures sombres, alors même que la foi devrait m'aider et qu'elle ne m'est d'aucun secours, aux heures où tremblent mes os et où mon esprit se brouille. Et si après tout, Dieu ne serait pas Dieu, si après tout il n'était qu'une belle idée...une terrible idée, puisqu'elle ne m'aide pas à vivre à ces heures-là. J'aimerais alors suspendre mon jugement, tandis que résonne cette parole du Christ en croix : "Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné?".

D'autres vont plus loin - je crois qu'ils sont peu nombreux cependant - et affirment que Dieu n'existe pas, que le ciel est vide et la terre pareillement, que le seul sens de l'existence humaine et bien c'est celui que nous lui donnons dans l'espace imparti entre la naissance et la mort. Le reste c'est de la fable. Parfois aussi, je me sens proche de vous, athées. Quand je vois ce corps mort sur la croix, ce corps sans vie, cette bouche muette, la bouche de celui qui prétendait être le Fils de l'Homme, qui disait de si belles choses et qui est, finalement, réduit à rien, un cadavre dégoulinant de sang, d'humeurs et de sueur. Un cadavre de plus sur la surface de la terre. Je me dis parfois qu'après tout le Ciel est vide et que la terre n'est pas beaucoup plus pleine, que tout est absurde et que la seule chose qui ait un sens, c'est ma manie de mettre du sens partout. Une manie oui, une folie, le sens serait donc une pure folie, de laquelle il faut sortir, et comment? Par un excès de morale ? Par l'étourdissement des sens? Les paradis artificiels comme disait l'autre? Devenir un chien? Après tout, il serait peut-être mieux d'être une bête...

D'autres encore, ne sont ni athées, ni agnostiques, ils sont sceptiques. Ils croient ou du moins sont disposés à croire, mais sont toujours pris par le doute. Et si? Et si? Semble être leur obsession. Ils croient qu'un Dieu est, qu'il est architecte, et si ? et si? Ils croient parfois même que le Christ était un grand homme, un prophète, et si ? et si? Moi aussi, parfois, je me dis et si? et si? Et si après tout, je me racontais des histoires? Hein? Alors moi qui suis sceptique à mes heures perdues, je comprends les et si ? et si?, je fais mieux je suis moi-même un et si ? et si?


Enfin, une dernière catégorie de gens avec qui je sympathise est celle qui regroupe les révoltés, ils ne savent pas s'ils sont athées, sceptiques, ou agnostiques, ils n'ont jamais eu le temps de se poser la question, ils sont pris pas leur colère, leur révolte. Dieu existe? Je ne sais pas, mais je lui en veut. Dieu est-il? Certainement pas, mais je lui en veux. Comment peut-on en vouloir à quelqu'un dont on doute de l'existence ou dont on nie l'existence? Je ne sais pas mais je connais des gens comme ça. Ils sont épidermiques dès qu'il s'agit de religion, perdant leur sang-froid, leur raison et devenant soudain tout colère, comme si Dieu leur avait fait un mal certain et personnel. Je les comprends malgré tout, car parfois je suis moi-même révolté, révolté contre le silence de Dieu, contre certains comportement de ses tenants lieu et ma colère ne se calme point lorsque je regarde Jésus armé de cordes et chassant du Temple les vendeurs.

Alors mes frères athées, agnostiques, sceptiques de toutes les eaux, et révoltés de tous poils, je suis parfois proche de vous, moi qui pourtant suis croyant et  professe la foi catholique. Pour paraphraser une carmélite, peut-être avez vous raison après tout, peut-être qu'il n'y a rien à espérer en dehors de cette vie, mais personne ne sera là pour nous le dire, si, par contre, malgré les doutes, les nuits, les erreurs, les révoltes, j'ai raison en ma foi, et bien quelqu'un, une fois le rideau tombé, nous recevra.

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