lundi 30 août 2010

Mauvaises nouvelles de la chair (première publication sur FB)

A propos de Mauvaises nouvelles de la chair, Marie Rouanet, Albin Michel, 2008.

Dans ce livre, tragique et poétique à la fois, Marie Rouanet, écrivain - et pas écrivaine, c'est laid ! - du Languedoc, nous propose un état des lieux de ce qui vient - sans que nous y pensions vraiment - dans nos assiettes. Hélas, les nouvelles qu'elle nous en donne ne sont pas bonnes. Elles ne sont pas bonnes, pour quelqu'un qui a un certain souci du vivant, car pour la masse indifférente, les nouvelles ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont noyées dans l'inconscience qui gouverne tant de nos actes.





"Tout est fait pour que nous soyons tranquilles, autant que les porcs à l'engrais, sans la peur qui taraude à la pensée de la présence dans toute chair du bourgeon de mort qui s'épanouira un jour.
Je regardais ces jours-ci l'image d'une ouvrière chinoise endormie au milieu des morceaux de poupées qu'elle avait la charge de monter. Quand elle mourra, quelle aura été sa vie? Et j'ose mettre, en face de cette vie de femme, celle des volailles dont elle se nourrit dont la chair garnit le sandwich qu'elle avale entre deux gestes, pour un euro la journée.
Misère sur misère, morceaux de poupées, morceaux de poulets. Lorsque l'on change à la mort, on ne peut que s'interroger sur la vie"
.

On ne trouvera dans cette belle réflexion sur le manger, le vivant, l'animal et sur l'humanité, aucune invitation à devenir végétarien, aucune invitation à l'austérité de bouche. Gourmande invétérée, Marie Rouanet, invite seulement à exercer l'instance critique propre à la pensée humaine, à cesser de consommer, pour enfin se nourrir dans tous les sens du terme.


Il est un certain usage du vivant qui n'est pas éthique et pour le chrétien que je suis qui n'est pas propre au respect de la Vie. Je dois avouer que cette manière de faire, si elle ne vient pas du christianisme, le christianisme historique n'a rien fait pour qu'il en soit autrement, et ce malgré saint Paul et son application du salut à toute la création, malgré le bel exemple de François d'Assise, qui englobait dans la fraternité universelle la plus humble des créature. Mais saint Paul n'est pas écouté dans ses conséquences, et saint François est considéré comme un doux rêveur. Je crois, en ce que me concerne, que le christianisme oblige à une vision renouvelée du vivant, et à son respect absolu. On ne peut user de l'animal sans conséquences morales. On ne peut tuer l'animal comme s'il s'agissait là d'un acte banal, sans portée éthique. Et l'on regrette qu'une théologie du vivant soit si peu audible. Je parle ici bien sûr des animaux destinés à la nourriture, mais encore plus, évidemment, des autres, ceux que l'on massacre pour le luxe (ivoire, peaux, cosmétique,etc.) ceux que l'on sacrifie à la science, et ceux, victimes de la cruauté imbécile de l'homme (corrida par exemple); je parle aussi d'un certain usage du végétal, de l'eau et du minéral. Tout cela n'est pas un tout compact, indistinct, un grenier informe où il s'agirait de puiser sans fin, mais de vivants, de vie qui à la nôtre est semblable dans ses fondements. Nous vivons de leur vie à eux, notre vie est un don de la leur, il est non seulement juste que nous les respections, mais il s'agit là d'un devoir, pour l'homme que nous sommes, et pour le chrétien, un appel à étendre le salut à toute la création.

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