mercredi 25 août 2010

De la cuisse ! C'est ça l'histoire !

De la cuisse voilà toute l'histoire!


Ceux qui ont été des cancres en histoire ou qui n'ont jamais aimé ça, et qui comptent sur la télé pour se faire une idée précise des événements touchant aux fastes du continent, en auront pour leurs frais.
Canal Plus proposait il y a peu la série "Les Tudors", une saga "baroque", digne de Walt Disney. Certes il y a des couleurs et ça bouge, il y a des décors, il y a des beaux jeunes gens( sans doute le seul intérêt de la production) il y a de la cuisses, voire de la  fesse, et de la dodue encore bien, des intrigues et des trahisons... Et, après tout, Henry VIII, c'était surtout une affaire de fesse.
Mais il y a surtout une légèreté avec l'histoire, des imprécisions, des téléscopages, des erreurs et des inventions pures et simples : ainsi de ce pathétique mariage entre Margaret et le roi du Portugal (lequel d'ailleurs?) qu'elle tue. Pourtant Margaret n'a jamais quitté l'Angleterre. A l'époque d'Henri VIII, Saint-Pierre n'était pas achevé, pourtant cela n'empêche pas le réalisateur de nous montrer la basilique dans toute sa splendeur.
Et que dire, des modes ecclésiastiques - mais cela c'est une habitude dans toutes les productions du cinéma- ? Il semble qu'il n'y aurait aucun conseiller en matière religieuse dans ces séries et films, personne pour dire qu'au XVIe siècle on ne mettait pas ce genre de vêtements, que telle coupe est du XIXeme etc... Et c'est comme ça que l'on voit un Cardinal d'Angleterre se promener en soutane blanche!!! Et tout à l'avenant.
Si vous aimez Walt Disney, la pâtisserie, les livres Harlequins, les décors en carton-pâte, les dadames avec de beaux bijoux et les messieurs glabres et bien bâtis, alors "Les Tudors" c'est pour vous. Sinon, allez vous promener le long d'une rivière où faire les soldes vous occuperez mieux votre temps.

Je viens de terminer ce qu'il est convenu d'appeler une "saison", la première de la série "The Tudors". Je maintiens la critique faite il y a peu. Pour ceux qui ont vu ou verront ce feuilleton - ah le mot désuet que voilà ! - je tiens à préciser quelques petites choses.
La romance est source de manipulation des faits historiques. Revenons, sur le supposé mariage de la sœur ainée d'Henri VIII avec un certain roi de Portugal, vieux, perclus d'arthrose et vicieux. Ce mariage est une invention pure et simple. En réalité, il s'agit de Marie l'autre sœur d'Henry qui se marie avec Louis XII roi de France, mort à un âge avancé et encore très vert; verdeur qui accéléra certainement son trépas. La pauvre Marie deviendra la Reine Blanche et tombera amoureuse de Brandon, duc de Norfolk avec qui elle se mariera par deux fois. Non seulement la "série" ne fait pas justice à l'histoire, mais donne de la cours de Lisbonne une vision répugnante, sale et, disons le mot, arriérée. Pourquoi avoir choisi le Portugal? Je ne sais : pour son exotisme? ou par vengeance, après l'affaire de la petite Maggy? Je ne sais, je cherche à comprendre.



J'ai déjà signalé la fantaisie manifeste dans le traitement des costumes ecclésiastiques, fantaisie commune à toutes des productions cinématographiques (hier encore lors de la retransmission du téléfilm consacré à Badinter, on y voyait un prêtre avec soutane, rabat et calotte s'il vous plaît!, et cela en 1972!!. Je doute fort qu'en cette année là en pleine tourmente cléricale, on s'habillait encore comme au XIXe. Passons) On y voit des cardinaux en soutane blanche, des prêtres vêtus de chasubles à la mode du XVIIIe et XIXe et simplement pour aller faire un tour dans la campagne ! On y voit un légat ne sachant pas porter la barrette du bon côté, on y voit des mitres peu probables à cette époque.
Pendant le procès on voit un des gardes - anglais donc- porter une livrée aux armes d'Espagne. J'avoue que là je ne comprends pas. Que faisait ce garde en livrées espagnoles en plein procès?
Autre détails, chez Anne de Boleyn l'on trouve des tapisseries XVIIIe eh oui. Mais enfin, tout fait décor, tout fini par briller, et tout fini par faire illusion. Ce qui compte après tout c'est le spectacle, avec un vernis d'époque...
Reste qu'il y aurait encore beaucoup à dire sur la figure de Thomas More, ami d'Erasme, grand humaniste et serviteur du Roi autant que de la foi catholique.

Au final, je reconnais un autre mérite à ce drame de cuisses et de fesses: la psychologie d'Henry VIII y est traitée avec une certaine profondeur. Une relative profondeur. Le pire avec tout cela c'est que beaucoup de téléspectateurs  révisent l'histoire avec ce genre de bêtises, et la force de l'image est telle qu'elle finit pas faire loi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire