samedi 26 novembre 2011

J'ai deux amours : mon pénis et Paris

Les années 70 - ahlala les belles années que voilà - nous ont apporté un cadeau magnifique : la libération sexuelle ! Après celle de Paris, la libération sexuelle a été, sans doute, celle qui a compté le plus dans la seconde moitié du XXeme siècle :  le sexe, le sexe outragé, le sexe brisé, le sexe martyrisé, mais le sexe libéré! Il était temps, nous n'en pouvions plus. Il fallait bien que cela arrive, qu'un jour où l'autre le sexe fut rendu à sa liberté. Enfin, la verge était sortie de sa braguette pouvant se montrer sans fausse pudeur ( la pudeur semble toujours fausse d'ailleurs, depuis) et tous les vagins d'occident, ou peu s'en faut, recouvraient une aisance après des siècles d'incarcération, devenant bavards et se mettant à soliloquer.
Dès lors, libéré, le sexe, se devait d'aller partout, de mettre partout son nez, d'aller fureter à gauche et à droite, de s'étaler sur tous les panneaux publicitaires, d'advenir dans tous les discours, bref d'occuper le terrain, tout le terrain, tous les terrains. Le sexe libéré devenait doucement un tyran. Si l'on voulait paraître à la page, il fallait parler cul. Si vous ne vouliez pas donner l'impression d'être rangé dans l'ancien régime des mœurs, il fallait parler cul. Rien n'était désormais plus possible sans le cul. Le cul marquait votre propre capacité de liberté d'esprit. Oui, car c'était de cela qu'il s'agissait : libéré, le sexe, est monté au cerveau, a pris la place de l'esprit.



Depuis rien n'a changé, nous n'avons fait que glisser sur la pente facile du sexe libéré. Il semblerait qu'aujourd'hui lui seul ait une quelconque importance, que lui seul soit le seul vecteur de félicité, à tel point qu'il est, paraît-il, tout à fait impossible d'être heureux sans avoir entre les jambes une machinerie en plein état de marche, et dans la tête sa reproduction mentale, ce que l'on appelle vulgairement le désir. Ce sexe-là est devenu un vrai dictateur qui ordonne, impose, commande, domine. Il veut être partout et toujours, à toute heure, et n'importe comment. Il est tel qu'il réduit tout à lui, rendant tout semblable à lui, de telle sorte que nous ne saurions être autre chose que volonté de puissance ou passivité absolue sous le despotisme de la jouissance. Le sexe fut libéré mais nous somme devenus ses prisonniers enjoints de jouir sans cesse jusqu'à ce que la mort tranche tout.

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