lundi 13 septembre 2010

De l'universelle tolérance

Certes la tolérance est chose belle et bonne. Il est louable d'être ouvert et bienveillant aux idées d'autrui, même, et d'autant plus, quand ces idées ne sont pas les nôtres. Cela suppose un degré de relativité de ce que nous pensons, qui permet à l'autre d'exister en tant qu'autre justement.
Certes, il serait louable de bâtir une société voire un monde sur cette vertu sacro-sainte, et ainsi de vivre dans cet univers de bienveillance réciproque, d'ouverture exigeante à la différence.
Mais c'est sans considérer avec un minimum de réalisme ce qu'est l'humaine nature. Présupposer que n'importe quel habitant de ce globe tournant soit disposé à adopter la même attitude que vous, est une grave illusion. Présupposer que n'importe quel être humain, du fait même de sa participation à l'humanité, soit prêt à relativiser ses positions politiques, philosophiques ou religieuses, pour vous permettre d'exprimer les vôtres, tient d'une coupable naïveté.
Car il est plus naturel à l'homme d'être intolérant que son contraire. La tolérance exige des présupposés philosophiques que tous ne partagent pas. Dès lors vanter, à cor et à cri, une tolérance  universelle, en partie illusoire, en partie naïve, risque fort bien d'entraîner une intolérance dont seraient victimes les tenants les plus tolérants précisément.
La tolérance suppose la conviction, une conviction raisonnée, relative, et éclairée. La raison qui fonde la conviction est une raison critique, qui perçoit ses tenants et aboutissants. La relativité qui la caractérise est celle de la relation, du caractère dynamique et ex-tatique de la raison, il ne s'agit pas de la relativité qui supposerait que tout se vaut. Enfin, une raison éclairée suppose que l'on soit conscient de ce qui meut l'homme.
Croire donc naïvement, qu'un jour ou l'autre, l'on se rendra, n'importe qui, n'importe quel groupe humain, à la raison universelle de tolérance, est une utopie qui débouche tôt ou tard sur la violence en sacrifiant les tolérants eux-mêmes. La position juste serait plutôt en amont dans la critique raisonnée de la nature humaine d'une part, et d'autre part, des opinions qui l'agitent; car tout homme n'est pas naturellement bon, et toutes les idées ne se valent pas.

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