mercredi 8 septembre 2010

A chacun son bouddhisme.

Si le Bouddhisme, comme n'importe quelle philosophie religieuse, comporte des valeurs, et nombres d'éléments hautement admirables, il est a regretter que l'engouement occidental pour cette "religion" soit accompagné, tout d'abord d'un flot d'erreurs, et ensuite, d'une attitude de libre-examen caractéristique de notre époque, je veux dire par là que le quidam se prétendant bouddhiste aura pris soin de ne retenir que les éléments qui, dans cette philosophie le séduisent, laissant tout le reste.

Quel est le but ultime de cette philosophie ? Atteindre le Nirvana. Qu'est-ce que le Nirvana? C'est l'extinction du soi. Soi dont le dynamisme fondamental est le désir.Désir personnel  qui est la source de toutes les souffrances et de tous les maux dans cette vie. Atteignant le Nirvana, le bodhisattva ( l'éveillé) échappe au cycle des réincarnations, le samsara. Si au terme d'une de ses existences, un individu n'a pas atteint l'éveil et le nirvana, son principe spirituel - à ne pas confondre avec une "âme" - se "réincarne". La "réincarnation"  n'est donc pas, dans le bouddhisme, le but ultime, c'est pour ainsi dire une nécessité tant que le principe spirituel, seul élément individualisé - et au final appelé à disparaître -  n'a pas atteint l'éveil. Le samsara serait ainsi une espèce de purgatoire, voire un cauchemar duquel il faut se réveiller. Suivant le karma, la renaissance de ce qui est "ni le même ni un autre", d'après la philosophie bouddhiste, ne se fait pas forcément d'ailleurs, elle est parfois en attente, et quant elle se fait elle n'a pas forcément lieu sous la forme humaine, elle peut être aussi avoir lieu sous la forme animale ou végétale.

On voit déjà la grande différence d'avec le bouddhisme de supermarché auquel beaucoup adhèrent de ce côté-ci du monde. Un bouddhisme de jouisseurs, qui espèrent une vie supplémentaire pour jouir plus encore, et une autre encore, et ne jamais mourir enfin. La belle affaire ! Cette conception des choses est aux antipodes du bouddhisme réel, et de la sagesse respectable qu'il représente.


D'autres encore, en mal de sagesse, se convertissent, vite fait bien fait, à cette spiritualité, y découvrant subitement la quintessence du spirituel, séduits qu'ils sont, pas l'aura du Dalaï Lama, ou par ce qu'ils croient, à tord, être l'individualisme et l'anti-dogmatisme du bouddhisme. Certains viennent de l'athéisme, d'autre de l'islam, d'autres encore, les plus nombreux, d'une tradition chrétienne. Il est a regretter que, la plus part du temps, ils ignoraient que leur propres traditions religieuses comportaient des éléments tout aussi respectables et spirituels que ceux du bouddhisme, et parfois assez proches (cfr saint Jean de la Croix, souvent évoqué par le Dalaï Lama). Pour ce qui est de l'anti-dogmatisme du bouddhisme, on repassera, car comme toute philosophie religieuse d'essence ascétique, ce qu'il est, il possède des préceptes et des obligations d'observances, ainsi qu'un corpus de doctrine.Le bouddhisme propose une vision du monde fondée sur la prise de conscience que celui-ci est une illusion, que tout est changeant et que nous souffrons, que la cause de cette souffrance c'est le désir, qui est un attachement viscéral à l'illusion du monde, il faut donc pour le bouddhisme éteindre le désir, et sortir de l'illusion du samsara par une pratique. Atteindre le réel pour le bouddhisme c'est atteindre le nirvana, croire que le monde est le réel c'est une illusion néfaste.

Le bouddhisme est l'un des plus haute philosophie religieuse qui soit - on peut difficilement parler de religion de manière unilatérale en ce qui le concerne - il est dommage que nous le réduisions par opportunisme, par ignorance et par mode, à une vague idéologie fleur bleue, "sympa" et "cool", il mérite mieux que ça.

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