vendredi 3 septembre 2010

Du Hamburger Hallal.

Au delà du symbole culturel, assez absurde d'ailleurs - une espèce de grand écart gastronomico-social - qui consiste à faire la paix entre les USA et le monde musulman, autour de la bouffe, ce qui est rare tout de même, et qui vaut la peine d'être signalé, c'est, plus sérieusement, de la liberté de chacun qu'il s'agit.
Si les musulmans on le droit plein et entier de manger comme bon leur semble, et selon leurs croyances, les autres, les non musulmans, qui ne croient pas aux vertus spirituelles ou religieuses de la viande hallal, ni même à sa nécessité, qui pour des raisons d'indifférence, ou pour des raisons philosophiques, n'accordent aucune importance aux interdits alimentaires, ont eux aussi le droit de manger comme bon leur semble, et donc de ne pas manger hallal.
Manger hallal pour un musulman, kasher pour un juïf, sont des actes religieux, des actes pieux, en conscience ils sont tenus d'observer ses interdits alimentaires. Ce comportement religieux apparaît comme quelque chose de concret, de matériel, par l'exercice pragmatique de l'interdit alimentaire, le juïf aussi bien que le musulman, atteint quelque chose qui ressemble à une proximité avec Dieu.
Les interdits alimentaires ont disparu du christianisme et assez tôt. Le génie du christianisme estimant qu'un acte aussi trivial ne saurait avoir des conséquences bénéfiques ou maléfiques dans les rapports avec Dieu, autrement dit, Dieu n'est pas une question de bouche. La pratique du maigre les vendredi de carême est d'un autre ordre, symbolique, purement spirituel.
Voir se répandre le hallal - même si c'est surtout une raison commerciale qui y préside - est alarmant, car il s'agit d'un rapport de force.
Un chrétien - ne parlons pas ici des "athées" pour qui hallal ou pas hallal, cela ne change rien - peut tout à fait manger hallal, aucune importance, mais un musulman ne peut pas, lui, ne pas manger hallal. Partant de ce constat, on peut tout à fait se dire "et bien alors, mettons des restaurant hallal partout, puisque les uns s'en moquent et que  les autres y tiennent". Argument fallacieux. Ce n'est pas le fait que les restaurants soient hallal, mais c'est l'exclusive qui pose problème, l'exclusive et la visibilité. Afficher "Hallal" sur la devanture d'un restaurant, par nature destiné à tous, c'est afficher un message religieux, tout comme si pendant le carême certains restaurants ne servaient exclusivement que du poisson, et le faisait savoir en affichant " restaurant observant strictement le carême". Ce genre de signalétique ne passerait pas du tout. "Hallal" devient donc un signe de reconnaissance, qui se répand avec l'exclusive qui l'accompagne, et cela ne respecte pas le droit qu'on les non musulmans à manger une nourriture non symboliquement religieuse. Hélas, une des faces du problème c'est qu'en vis à vis de l'Islam, convaincu, pieux, religieux, il n'y a rien qui puisse soutenir la comparaison, sinon un grand vide spirituel, un néant religieux. Il n'est pas étonnant alors que l'Islam seul  - comme phénomène religieux - occupe le devant de la scène, à la télévision et dans notre quotidien.
L'Islam possède une tradition spirituelle, mystique - la plus part du temps considérée d'ailleurs comme hérétique, par l'orthodoxie musulmane, mais cela n'est pas le sujet ici - il est triste d'une part de le limiter à une question de hamburgers, et d'autre part de ne pas prendre conscience que le christianisme, et les cultures informées par lui, possède lui aussi une tradition spirituelle et mystique dont il n'a pas à rougir.
Voir les choses par ce bout-là permettrait d'élever le débat.

De toute manière Quick hallal ou pas c'est de la m..... le mieux encore - et c'est sans doute l'acte le plus religieux qui soit- c'est de s'en abstenir purement et simplement. C'est ce que je vais faire.

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